A.J. [1], venue de Roumanie, raconte.
Ma vie a commencé en Roumanie
« Ma vie a commencé en Roumanie, le premier décembre 2000. J’ai grandi au milieu d’une famille soudée : mes grands-parents, mes parents et mon frère Darius. Nous habitions une petite ville à la campagne où tout le monde se connaissait et la vie était douce. Nous avions des animaux qui faisaient la joie des enfants.
Vers l’âge de six ans, j’ai connu mon premier drame : mes parents décidèrent de divorcer et se séparèrent. Cette nouvelle était terrible pour moi. Ma mère nous quitta pour s’installer en France et nous vécûmes, mon frère et moi avec mon père et mes grands-parents. Malgré leur gentillesse, leur douceur et leur amour, je sentais une partie de mon corps vidée. Mais il fallait continuer à vivre avec ce manque, avec cette place vide.
Lorsque j’eus 12 ans, nous apprîmes que mon père souffrait d’une maladie très grave. Cette terrible nouvelle me bouleversa, j’étais triste, j’avais peur. Ma grand-mère veillait sur lui à l’hôpital. Toutes les nuits, elle allait le rejoindre avec l’espoir de le ramener un jour à la maison. Mon grand-père s’occupait de nous comme il pouvait.
Une nuit, vers 3heures du matin, mon téléphone sonna. Ma grand-mère m’apprit que mon père était mort. Une deuxième partie de mon corps se vida à ce moment là . Il fallait que mon frère Darius partage avec moi cette mauvaise nouvelle. Nous pleurâmes toute la nuit cette deuxième séparation brutale. La gentillesse de ma grand-mère et mon grand-père nous aida un peu à imaginer une vie sans papa, sans maman.
Après quelques mois, ma maman rentra en Roumanie pour nous prendre mon frère et moi. Une troisième rupture se préparait : quitter mes grands-parents. Mais, malgré ce déchirement, je ressentais quand même du bonheur : retrouver ma mère que j’aime tant.
Je me suis mise à rêver de Paris, de ses lumières…
Puis, ce fut la grande déception ! Je ne parlais pas la langue, je n’avais pas d’amis, tout était très différent, et très nouveau pour moi. J’avais l’impression de vivre dans un monde imaginaire, j’entendais des paroles qui ressemblaient à des bruits inconnus, comme si la communication avec le monde s’était arrêtée. Au collège, dès que j’essayais de parler, on se moquait de mes fautes, alors, je me suis refermée sur moi-même et je ne travaillais pas bien. Je n’avais aucune amie pour comprendre ma solitude. Au collège, la première année j’ai suivi les cours de FLS, mais c’est la deuxième que j’ai commencé à vraiment faire des progrès. Mon nouveau professeur m’a redonné confiance.
La deuxième année, il y a aussi une fille qui est arrivée au collège. Je ne sais même pas comment on a fait pour devenir des amies mais elle a été et elle est toujours ma meilleure amie. On a travaillé ensemble, on a fait des progrès et tout se passe bien. Â »
