> Une sortie au mémorial du Camp des Milles … à Aix-en -Provence.

(actualisé le )

Oui, c’est un peu loin Aix-en -Provence, quelque part à l’autre bout de la France.

D’ailleurs, lorsque j’en ai parlé à la 3 eme 5 au mois de décembre je pensais qu’ils allaient tous me rire au nez et protester afin d’annuler la sortie. Or, la classe a prêté une oreille attentive à la description de l’emploi du temps : « rendez-vous au collège à 4h30 du matin, puis trajet en car jusqu’à la gare de Lyon, puis TGV à 6h07 pour une arrivée à 9h27 et un transfert au camp en navette. Visite du camp prévue de 10h30 à 12h30. Repas pris sur place puis atelier « complice ou résistant  » de 14h à 15h. Retour en navette à 15h15, TGV à 16h04 pour une arrivée en gare de Lyon à 19h15. Et un retour au collège vers 20h30.  »

Le départ très tôt le matin...

Le jeudi 5 janvier à 4h35, les 23 élèves prévus étaient présents, avec leurs sacs à dos, leurs questionnaires sur le camp et ce fut le début d’une belle journée. Epuisante, mais belle.

Jusqu’à la gare de Lyon pour prendre le TGV


... forcément ...


Direction Aix-en-Provence

Nous étions accompagnés par Mme Amira, M. Rachidi et Trefeil. M. Morel et Mme Le Cornec étaient aussi présents, en tant que président et membre de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance (ANACR).

Les accompagnateurs

A très grande vitesse...


... vers le soleil du Sud


Depuis la gare, une navette conduit les élèves jusqu’au camp

La classe de 3 eme 5 est inscrite au Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) dont le thème pour cette année 2017 est « la négation de l’homme dans le système concentrationnaire nazi  ».
Notre visite au mémorial du Camps des Milles est une façon d’introduire le sujet délicat de l’internement d’êtres humains (femmes et enfants compris) par d’autres êtres humains dans une logique de mauvais traitement, de privation, d’humiliation, et d’extermination.
Le camp des Milles n’était pas contrôlé par les nazis, mais par l’administration française de l’époque et plus particulièrement le régime de Vichy, entré en collaboration pendant la deuxième guerre mondiale avec l’Allemagne nazie.

L’ancienne usine qui a abrité le camp d’internement

Cette ancienne usine a compté jusqu’à 3000 internés, entassés dans des conditions épouvantables, et qui ont tous été transférés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz.

Le train du souvenir, symbole de la déportation


Pour certains détenus, le Camp des Milles annonçait une destination plus funeste encore : le camp de concentration d’Auschwitz en Pologne.
Plus d’un million de femmes, d’hommes et d’enfants y sont morts.

Lors de la visite des lieux, nous sommes transis de froid… et d’émotion lorsque notre médiatrice nous raconte le quotidien des détenus.


Devant la maquette du camp


L’ancienne tuilerie


Le haut des conduits de cheminée des fours à tuiles. Cette pièce a ensuite été transformée en dortoirs.
Les prisonniers n’y avaient ni lit ni matelas : ils dormaient à même le sol.


Lors du fonctionnement de l’usine, c’est là que les tuiles étaient entreposées pour sécher. Ce lieu a lui aussi été transformé en dortoir.

Parmi les internés il y avait de nombreux artistes et intellectuels allemands, antinazis, qui avaient fui leur pays pour se réfugier en France, et qui furent internés dès le 3 septembre 1939, lorsque la France déclare la guerre à l’Allemagne. Les Allemands, même antinazis, deviennent indésirables sous la III république en guerre. Ils sont donc internés et donnent libre cours à leurs talents, sur les murs du camp, dans de nombreuses salles.

Un graffiti d’un détenu





La visite se termine par un volet réflexif, sur la notion de génocide, en évoquant des évènements récents, comme le million de personnes assassinées au Rwanda en 1994 . Les élèves sont aussi amenés à s’interroger sur les mécanismes qui conduisent à la résistance, ou bien à la complicité. Cette question sera détaillée lors de l’atelier de l’après -midi : obéissance à l’autorité, effet de groupe, autant de facteurs qui peuvent conduire certaines personnes à commettre l’irréparable.

Ce fut une belle journée, parce qu’elle aura certainement permis d’ouvrir les yeux sur deux réalités : l’homme est capable du pire … mais il est aussi capable de penser, d’analyser, et de tirer des conclusions. « Ne rien faire, c’est laisser faire  » : se lever à 3h du matin pour se rendre au camp des Milles, c’est déjà Â« faire  ».


Un grand merci à tous, aux merveilleux accompagnateurs et aux extraordinaires élèves de la 3ème 5.

Texte : Mme Lanoiselee
Photos : M. Trefeil

Voir en ligne : Un article du journal {Le Monde} présente le Camp des Milles